une femme qui se souvenait des grandes marées de 56,
un ostréiculteur qui t’expliquait comment “on faisait avant”.
Aujourd’hui, leurs voix s’éteignent, une à une.
Et avec elles, le Bassin perd sa mémoire vivante.
👴 Ceux qui savaient sans le dire
Ils ne parlaient pas de “tradition”, ils la vivaient.
Ils savaient lire le ciel, sentir la marée, deviner le vent avant même que les drapeaux bougent.
Ils racontaient des tempêtes, des crues, des amitiés scellées sur une jetée à moitié en ruine.
Leur savoir n’était pas dans les livres.
Il était dans leurs gestes.
Dans leurs silences.
Et dans leurs histoires répétées au café du port, toujours les mêmes, mais jamais tout à fait pareilles.
📜 Une scène, un matin d’hiver
Je me souviens d’André, ostréiculteur de Gujan.
Un jour de janvier, je l’ai trouvé devant sa cabane, à réparer un casier.
Ses mains tremblaient un peu, mais il souriait.
Il m’a dit : “Tu sais, avant, le Bassin, on le respectait parce qu’on savait qu’il pouvait te reprendre ce qu’il t’avait donné.”
Puis il s’est tu.
Cette phrase, je ne l’ai jamais oubliée.
Quelques mois plus tard, sa cabane était fermée.
Une pancarte : “À vendre.”
⚖️ Ce que l’on perd vraiment
On parle souvent de protéger le Bassin, ses dunes, sa faune, ses paysages.
Mais qui parle de protéger ceux qui le racontent ?
Ces anciens étaient les gardiens invisibles du lieu.
Ils savaient ce que c’était que de vivre ici, avant les selfies, avant les bouchons, avant les cartes postales.
Et quand ils partent, ce n’est pas seulement une génération qui s’en va.
C’est une langue.
Une façon de regarder le ciel.
Une manière d’aimer ce coin de terre.
💡 Garder vivante la mémoire du Bassin
- Enregistrer leurs histoires, avant qu’elles ne s’effacent.
- Valoriser les anciens dans les écoles, les médias, les associations.
- Transmettre leurs gestes : réparer, pêcher, observer, raconter.
- Redonner du temps aux échanges simples — ceux qui ne se likent pas, mais se vivent.
Et un Bassin sans ses anciens, c’est un Bassin sans racines.
🗣 Et toi ?
As-tu connu un ancien du Bassin qui t’a marqué ?
Un grand-père pêcheur, une voisine qui connaissait toutes les marées, un visage qu’on croisait toujours sur la jetée ?
Partage son souvenir ici.
Parce que tant qu’on parle d’eux, ils continuent de vivre.